St. Malo-1950 et 2014
Saint-Malo, en Ile et Vilaine
Bretagne.
Et si je vous contais le St. Malo de mon enfance ?
1948...Saint-Malo est en ruines.
Pendant la dernière guerre mondiale, cette ville a été bombardée.
J'ai "vécu" la fin de cette guerre dans le ventre de ma maman.
Toute petite j'ai joué, comme tous les gamins (habitant alors à St. Malo), dans les ruines.
Je n'ai pas d'autres souvenirs d'elle, autement que détruite ou en travaux.
Je l'ai connu dévastée, en décombres.
Nous, gosses insouciants, avions plaisir à nous cacher
dans les trous béants laissés par les obus,
derrière des amas informes de gravas.
De tas en trous, nous glissions sur des sortes de luges en carton, en plastique...
Les labyrinthes entre les immeubles, les rues, (enfin ce qu'il en restait)
nous laissaient croire que nous étions, en ces lieux, les nouveaux pirates.
Puis, peu à peu, la reconstruction de la ville a été entreprise,
d'abord, en étayant les pans de murs des immeubles restés debout
pour qu'ils ne s'écroulent pas, puis pour permettre aux habitants de
demeurer chez eux ou près de leurs familles.
Les mères avaient parfois tendu des fils entre les pans de mur
de ce qui avait été sans doute une cave, avant, s'en servaient
pour étendre leur linge lorsque le climat tempéré de ce bord de mer le permettait.
Ensuite, nos terrains de jeux ont rétrécis pour disparaitre tout à fait
et des immeubles modernes ont pris leur place.
Nous les avons trouvés si beaux, à l'époque, ces batiments neufs !
Les ouvriers "granitiers", les tailleurs de pierre étaient nombreux su les chantiers.
Une aubaine pour l'emploi cette époque... On a alors commencé
à promouvoir la "pierre de taille" en granit provenant de nos carrières bretionnes
pour agrémenter ou construire en totalité des habitations
puis des créations artistiques qui, depuis, se sont exportées dans le monde entier.
(pour exemple, les carrières autour d'Erquy, Le Hinglé, pays de Fougères etc)
Carrière d'Equy désafectée, aujoud'hui appelée "lac bleu"
Voici pourquoi, je m'insurge sur le fait que l'on dise sans cesse
que Saint Malo a été reconstruite à "l'identique" !
Ses rues, la topographie des lieux, les bâtiments
rescapés, le chateau et les remparts, la cathédrale (encore que tout
a du être remis en état puis mis aux nomes au fil des ans),
ont été respectés, mais les maisons, elles, ne ressemblent
absolument pas à celles de cette époque !
Les armateurs, les marins dits "au long cours" (la population
des "nantis" et des riches), ornaient leurs portes,
leurs linteaux de fenêtres, avec des pierres de granit,
afin de montrer leur position sociale mais cela s'arrétait là...
Par contre cette ville avait depuis longtemps résolu le problème du double vitrage...
Cette technique a été conservée intact et
les propiétaires mis en demeure d'entretenir
leurs immeubles rescapés du bombardement car ils font partie du patrimoine.
Beaucoup ont par la suite été dans l'obligation de vendre
leurs habitations "classées" : elles leur coutaient bien trop cher !
Ce n'est qu'un "aperçu" de l'histoire du St. Malo que j'ai connu...
Photo d'époque après 1945...
Mes grands-parents, venus de Normandie, se sont installés durant la "grande guerre"
à St. Malo, plus précisément rue Trublet.
Ou est-ce ?
Intra-muros, près de la halle "au marché couvert", c'est à dire à l'intérieur des remparts.
A cette époque, des commerces se trouvaient concentrés là
qui n'existent plus tels que la "coop", un "vannier", la mercerie, une coutellerie...
Bars et restaurants ont résistés, eux, plus longtemps...
Sous la halle, avait lieu le marché, fort animé présentant légumes,
viandes, poissons, vêtements, bibelots.
S'y rtrouvaient aussi chausseurs, couteliers et autres corps de métiers.
Regardez ce reportage qui en atteste et merci à ceux qui ont relaté
cette page historique de Saint-Malo...
Montage Vidéo réalisé par Jean Pierre BLANDEL, à partir des archives privées
inédites de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques
En regardant bien, vous reconnaitrez comment étaient les façades de l'époque
su cette photo ci-dessous
Me voici, avec ma maman en 1953
Par contre, quelques années plus tard quand nous habitâmes "hors des murs",
on disait alors "extra-muros" un tout autre monde s'offrit à ma vue.
!
Ces "faubourgs étaient baptisées ainsi : Paramé, Courtoisville, Rochebonne,
St. Servan des villes bien distinctes qui, depuis, n'en forment presque plus qu'une.
Par exemple, pour se rendre au jardin de mes gands parents,
derrière le champ de courses actuel, il fallait alors prendre le tram,
le trolley ou marcher longtemps...
Nous passions par les écluses ( la route et son pont-levis n'éxistaient pas).
On embarquait sur la vedette pour aller à Dinard et c'était une sacrée expédition
de traverser la Rance et devoir passer par le port St. Jean, puis le port St Hubert...
Combien de fois ai-je eu l'occasion seule, en famille ou en compagnie d'amis,
de me promener le long de cette magnifique étendue de sable et d'eau,
longeant "le sillon" qui relie St. Malo à Paramé, sépare la plage des bassins de pèche.
Rocabey et Courtoisville,
que ce soit à pieds,
en tramway ou en "trolleybus"...
Longtemps après... en famille, sur le sillon.
Le mêmelieu, de nos jours, en grandes marées et de nuit.
Anciens bâtiments d'époque mais rénovés, de nos jours, dans la rue de l'Orme...
Si vous regardez de près les matériaux qui composent les façades,
vous reconnaitrez facilement, lors de votre prochaine visite dans St. Malo,
les constructions d'époque qui n'ont pas été bombardées ou en
ont "réchappé" ou celles qui ont été réparées "à l'identique" exactement !
Le nouveau St. Malo se faisait une place pour le futur...
Voici la rue de l'Orme, avec au fond, l'ancienne halle, telles qu'elles sont, de nos jours.
Ce lieu se trouve situé juste à l'arrière du bloc d'immeubles dont faisait
partie la maison de mes grands-parents comme celui
de la seconde photo (où je figure), au début de cette page.
Et voici l'esplanade Saint Vincent, le château, les remparts, à présent...
Un morceau des remparts...
Les maisons qui ont été reconstruites,
avec la pierre de granit, après la guerre.