Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

A deux plumes

17 décembre 2017

Chronique... Partie 4

Suite....

 

 

Bell Journ

 

 

Chapitre II





Anecdotes un peu comiques en Bretagne.









Un soir, son époux rentra agitant fièrement  un sac qu’il lui avait tendu, expliquant, sur un ton qui n'admettait aucune réplique, ses desiderata :

- Tiens ! Des betteraves rouges. C’est un de mes clients qui me les a données ! Je suis passé pour lui donner sa facture... Bon, il ne me l'a pas payée, une de ses vaches venant de " vêler ": le véto a dû se déplacer... Oui, il tient une ferme… comme je lui disais que j'aimais les betteraves, il m’a répondu, prends-en, allez ! Alors en voilà, fais-les cuire. Et si tu ne sais pas… ben, débrouille-toi ! Cela ne doit pas être très sorcier. Tu me les fais pour demain, j'y compte... Depuis le temps que j’en ai envie !



Pour sûr ! Facile à dire pour un homme qui n'avait qu'à exiger pour être servi. Claudine n’en avait jamais fait cuire. Dans de tels moments, elle maudissait l’absence de patience de sa mère autant que les lacunes de son éducation. Elle n’avait à vrai dire jamais cuisiné : sa mère n’avait pas eu la bonté de lui servir de professeur : pour tout dire elle ne s'intéressait à rien de sa vie. Elle se contentait, puisqu’elle existait, de lui assurer une existence matérielle. Son rôle s’arrêtait à cela : donner un toit à sa fille, un minimum d'éducation, la nourrir et pour le reste, à la grâce de Dieu, comme disaient les "anciens".

A présent, Claudine se trouvait dans ce rôle difficile de maîtresse de maison, totalement inexpérimentée, incompétente. Mais bon, avec un brin de raisonnement et un zeste de bon sens elle allait certainement s’en sortir : après tout, ce n’étaient que des tubercules qui devaient, même si elles étaient plus fermes, se cuisiner comme d’autres, des patates par exemple. Rassurée par sa cogitation, elle prit un faitout, le remplit d’eau salée, y ajouta ses betteraves, une pincée de sel, posa l’ensemble sur le réchaud à gaz deux feux en prévoyant seulement davantage de temps de cuisson que pour de simples pommes de terre. C’est très ferme, une betterave, se dit-elle comme pour se rassurer...

Ils s’étaient mis à table. Lorsque l’eau vint à ébullition, Claudine ralentit la flamme sous le récipient : la cuisson allait se faire doucement pendant leur repas. Ils devisèrent un peu, elle débarrassa, rangea la cuisine cependant que son époux préparait l’emploi du temps du lendemain. L’heure du coucher venue, ils avaient carrément oublié l’existence même de son plat, toujours sur le feu. Ils ne possédaient pas la télévision, leurs soirées finissaient, donc, invariablement selon le même rituel : l’accomplissement du devoir conjugal, puis le sommeil dit réparateur. Ce soir-là, tout se déroula comme d’ordinaire : son seigneur et maître réclama son dû. Elle, pour sa tranquillité, le lui offrit sans rechigner en fermant les yeux, constatant une fois de plus qu’il se souciait vraiment peu de son plaisir, encore moins de ses aspirations profondes : elle n’osait d’ailleurs pas les formuler, ce n’était pas dans son éducation de le concevoir ainsi. Elle s’obligea à réfléchir positivement, en vain.

Sa pensée revenait inéluctablement sur cette question silencieuse, lancinante : n'est-ce que cela faire l'amour ? Et d'autres du même acabit : je croyais pourtant avoir entendu dire que cet acte procurait du plaisir ? Pourquoi ne suis-je pas satisfaite ? Suis-je anormalement constituée ? Elle était certaine que lorsqu’elle serait enceinte, elle assurerait au mieux leur devenir et qu’elle parviendrait à modifier leur vie (plus précisément la sienne), que peut-être cela changerait ses réactions durant leurs actes sexuels. Comblé, son mari s’endormit. Peu après, elle fit enfin de même.

Au milieu de la nuit, tous deux se réveillèrent secoués de fortes quintes de toux ; en ouvrant les yeux, étonnés, ils se découvrirent enrobés d’un voile de fumée opaque, un peu comme lorsqu’il y a un incendie. Qu’est-ce que c’était ? Qu’arrivait-il ? Quelques secondes d’étonnement inquiet les figèrent, puis elle, elle… oh bon sang, elle comprit. Zut, Zut ! Elle avait oublié ses betteraves sur le gaz ! C’était cela sans nul doute. Quelle catastrophe. 

Elle avait formulé à voix haute ses pensées, donc, aussitôt le mari s’empara de suite de la révélation de son erreur, de son imprudence l’invectivant de belle manière. Enfin, il serait plus judicieux de dire qu’il tenta de le faire, car, entre deux quintes de toux, pestant autant qu’elle d’ailleurs sous l’effet de la fumée de plus en plus intense au fur et à mesure qu’ils s’approchaient du foyer de nuisance, ils jurait autant qu’il le pouvait. Ils durent traverser le vestibule péniblement pour ouvrir la porte de la cuisine (les deux pièces principales étaient séparées par un palier où aboutissait l’escalier venant du rez-de-chaussée). En y pénétrant, ils suffoquèrent carrément.

Une horrible odeur de brûlé leur arriva aux narines agressant leur gorge ; ils toussèrent davantage encore. Claudine agitait les mains en tous sens, avec des gestes ridicules, comme si elle avait voulu ou pu écarter, dissiper le nuage. Puis elle s’était rapidement approchée du réchaud et avait fermé le gaz. Entre temps, Maurice avait ouvert tout en grand la fenêtre faisant de même avec les portes de communications. Le nuage agressif se dissipa alors lentement. Une seconde atterrée, la jeune femme put constater l’étendue des dégâts mais, l'instant d'après, devant le spectacle incongru que ses talents de cuisinière ratée avaient provoqué, un fou rire incontrôlable la submergea ! Dans la casserole, les tubercules ressemblaient maintenant à de ridicules cerises noires, toutes petites, carbonisées, collées au fond de quelque chose de rond, qui avait dû être, dans le temps jadis, le fond d'une cocotte. Elle riait, riait. la situation tenait franchement du comique ! Elle était consternée, certes, mais de se repasser le film de leur réveil avec leurs gestes stupides dans la fumée qu’ils prenaient pour du brouillard, tout l’avait conduite à ce constat. A présent elle reluquait les résidus de betteraves, le noir, ce brûlé. Elle riait encore nerveusement, bêtement. Tout était foutu : ça c’était beaucoup moins drôle.

Elle mit l'ensemble à la poubelle. Son compagnon, remis de ses émotions, lui asséna d’emblée une pluie de reproches.

  1. - Bon sang, faut-il que tu sois nulle pour faire ce genre de connerie ! Je n’y crois pas. Tu n’es même pas capable de faire cuire deux betteraves rouges sans risquer de nous asphyxier.

 
Les réflexions et les critiques avaient continué frisant la querelle : sa véhémence n’avait d’égal que sa mauvaise foi. Il ne faisait rien à la maison, ne tentait pas non plus de l’aider dans son difficile apprentissage de la vie quand, en fait, elle n’avait que l’âge de l’insouciance.

Se faire enguirlander ainsi, pour si peu et avec autant de virulence, lui fit de la peine : dans la vie, se disait-elle, seuls les inactifs ne commettent pas d’erreur. Ce n’était pas la fin du monde quand même...

Mais cette fois encore elle n’osa pas l’affronter parce que cela aurait été la source d’un conflit supplémentaire ; elle craignait considérablement les scènes violentes, semblables à celles dont elle avait été le témoin entre sa mère et ses amants de jadis.

Elle baissa la tête, telle une enfant fautive, nettoya énergiquement son matériel sans plus rien ajouter. Quand ils eurent terminé, que les pièces furent suffisamment aérées, ils retournèrent se coucher. Le mari boudait ferme : il lui tourna le dos sans dire un mot ce qui ne la dérangea pas le moins du monde.

Jamais elle n’avait pu oublier ce premier essai culinaire : elle en retira la leçon et commença sa formation en acquérant un livre de recettes. Malgré la hargne dont il fit preuve envers elle au cours des premières années du mariage, ils se remémorèrent souvent cette scène, avec tout le désopilant de la situation, riant à l'unisson.



La conclusion qui s’était imposée à elle impliquait une réaction immédiate : il fallait qu’elle apprenne tout très vite si elle ne voulait pas s’attirer les foudres de cet homme, à chaque instant de sa vie. Pleine de bonne volonté, très amoureuse, elle désirait ardemment réussir son couple. Ces règles-là, et quelques autres du même type, brinquebalantes, s’instaurèrent peu à peu, fondations de leur nouvelle existence.



Claudine, avec son passé difficile, était relativement handicapée pour gérer son quotidien : elle ne savait rien faire à part mettre des épingles nourrices à ses culottes quand l’élastique en était cassée (astuce maternelle de dépannage). Dans ces conditions, comment allait-elle s’y prendre pour donner satisfaction à ce mari exigeant ? Réussiraient-ils à être aussi heureux qu'elle l'avait désiré ?





*



Camping sauvage





Au cours de ses tribulations, Maurice avait fait la connaissance un jeune couple, originaires d'Anjou, qui tenait une station service- café, bien avant la sortie du village : il s'était lié d'amitié avec eux. Maintes fois, ils lui avaient fait savoir que leur famille serait ravie de le recevoir dans leur propriété viticole, accompagné de sa femme. L'idée avait fait son chemin. Ils en discutèrent ensemble lors d’une rencontre en admettant que ce serait l’occasion d’un voyage agréable, à quatre. Ils bloquèrent une date et les deux couples prirent la route de l'Anjou par une belle journée d’été.

Notre jeune couple ne pouvaient pas se permettre de loger à l'hôtel. Ils avaient donc simplement emporté leur tente "canadienne", une de ces fameuses petites tentes à deux places, ancêtre de nos modèles actuels ouvrables en deux temps, trois mouvements. Pour un weekend de trois jours, la toile, un duvet feraient amplement l'affaire à condition d’y ajouter un réchaud à gaz pour préparer leur petit déjeuner. La seule idée du voyage faisait déjà le ravissement de Claudine et de son compagnon, d'autant qu'ils ne connaissaient absolument pas la région. En outre, ils ne prenaient jamais de vacances. Dans ce contexte ce déplacement prenait des allures de voyage de noces, simplement un peu décalé dans le temps.

Le domaine familial de leurs amis était situé à proximité d'un affluent de la Loire. En compagnie des guides qu’étaient les parents du couple ils visitèrent d’abord la verdoyante campagne, écrin du fleuve nonchalant, puis ils parcoururent les grands espaces viticoles alentours. Les Angevins avaient souhaité cette balade représentative au vu du court séjour de leurs deux visiteurs bretons. Avant de retourner chez leurs hôtes pour le repas de la soirée, nos jeunes se rendirent à une adresse précise communiquée par leurs amis vignerons : à cet endroit, les propriétaires étaient susceptibles de leur octroyer l’autorisation de planter la tente sur leur terrain, à quelques pas de la rivière. Ils trouvèrent facilement et obtinrent, sans difficulté, l'autorisation de s'installer à leur goût dans un champ attenant qu'ils avaient repéré. Le coin était vraiment ravissant : un grand pré rien que pour eux, plein de pommiers et autres arbres fruitiers, de délicieuses petites fleurs, des mûriers sur les talus avec, en contrebas, une délicieuse rivière. Quel plaisir de bivouaquer dans de telles conditions !

Vint alors le moment de camper la tente, préparer leurs effets pour le lendemain (café et vêtements de rechange), remonter la fermeture éclair de la toile afin de tout mettre à l’abri. Ils reprirent ensuite la route afin de rejoindre leurs amis anciens et récents.

La soirée commença par la traditionnelle visite des caves. Dehors, le soleil était toujours très haut dans le ciel. Quand ils entrèrent dans les sous-sols, Claudine ne vit carrément plus rien. Il lui fallut un bon moment pour s'adapter au changement de luminosité. Pas gêné apparemment, Maurice avait déjà commencé à déguster du rosé tandis qu'elle se sentait ivre rien qu'à respirer les effluves provenant des fûts d'alcool. Les conversations allaient bon train : fabrication des barils ou des fûts, le cerclage, la récolte du raisin, le pressage et tout le processus de vinification etc. le tout entrecoupé de dégustations ! Bref, la soirée fut chaude sur tous les plans et ils rentrèrent, tardivement, la nuit venue, au "radar" avouons-le, pour sombrer rapidement dans un profond sommeil dès qu’ils furent couchés !



Quelques heures plus tard...

- Mauri-i-i-ice !



Claudine hurlait ! Elle se tenait à demi-assise, les pieds légèrement passés sous la fermeture éclair de la tente, à l’extérieur : elle arborait un air terrifié !

- Y'a une bête qui essaye de me "bouffer" les pieds ! Fais donc quelque chose, voyons ! S’il-te-plaît, grouille, grouille !



Mais Maurice avait "la gueule de bois". Il lui fallut donc un certain temps avant d’émerger, réagir, se lever et aller vers les pieds de son épouse afin de voir ce qui se tramait. Lentement, avec circonspection, il commença à remonter la fermeture puis un grand rire fusa qui laissa Claudine perplexe :

- Idiote, va ! Ce n'est qu'une vache ! Elle devait trouver très agréable de te laver les pieds, surtout avec une langue comme ça ! T'es pourtant pas une fille de la ville pour hurler ainsi. Ah, je ne vais pas de sitôt oublier ta tête, non ; si tu t'étais vue, trop drôle !



Maintenant tous deux riaient. Les vaches du fermier paissaient couramment dans ce pré. Quelques-unes étaient venues alentour, curieuses de ces choses fortement inhabituelles et étranges, humaines qui se trouvaient dans leur décor. Ils les chassèrent en faisant du bruit puis décidèrent d'aller piquer une tête dans la rivière en guise de toilette matinale. Ensuite, convenablement vêtus ils reprirent le chemin du domaine viticole pour rejoindre leurs amis. La mésaventure du petit matin révélée, la jeune invitée fut la proie des moqueries de l’assemblée .

La journée se déroula plaisamment, ponctuée de nouvelles visites, d’autres rencontres et tous posèrent pour quelques photos–souvenirs.

Claudine était contente : elle avait pu mémoriser un "bon moment" passé en compagnie de son ex-mari.







BNB-raindrops-1





Les conditions d'existence de Claudine évoluent. Cette femme, parallèlement témoin d’événements divers et variés, de plus ou moindre importance en connaîtra beaucoup au cours des années à venir, fertiles en découvertes de tous ordres et, outre sa vie des plus intéressante, elle est à elle seule une magnifique carte postale.

Il y avait eu les maisons aux sols de terre battue qui devinrent plancher, n’ayant d’autre chauffage que la cheminée. La cuisinière fonctionnant au bois, puis au charbon fut remplacée par le réchaud à gaz. La lampe à pétrole céda la place à l'électricité. Les lessives faites à la rivière ou au lavoir, les genoux enfoncés dans la paille de la caisse à laver, passeront dans la lessiveuse en inox. Puis arrivera le règne de la machine à laver mais, à ses débuts, elle ne fera pas de suite la fonction essorage et ne pourra qu’agiter, à cuve ouverte, le linge sale. Dans un premier temps, pour y arriver les ménagères passeront le-dit linge entre deux rouleaux parallèles actionnés à la main par une manivelle. Quand la modernisation de cet ensemble va prendre tournure, les deux actions se feront de pair dans un assemblage compacte pour arriver à ce que nous connaissons entièrement automatisé et mu par l’électronique.

La radio, alors dénommée TSF, avec son poste à galène, ses lampes triodes, se dota de transistors. La télévision débarqua, révolutionnant les médias : d’abord équipée de tube cathodique, diffusant les émissions en noir et blanc, elle va connaître l’avènement de la couleur, en mille neuf cent cinquante et un, grâce au procédé CBS puis en mille neuf cent soixante deux le satellite Telstar va ouvrir la porte à d’autres avancées technologiques.

Elle n'a pas encore conscience de vivre à une époque extraordinaire : celle de toutes les avancées technologiques.

Autre exemple : Lorsque sa mère était employée comme « journalier » dans les fermes, elle avait assisté aux travaux de labour, de fanage, de moisson... elle avait vu, là encore, les objets, les machines se transformer tels que ceux nécessaires aux moissons, les plus spectaculaires : pour récolter le blé, jadis il ne fallait rien moins que trois engins et trente ans plus tard un seul fera le travail, complètement automatisé !

Adieu, le glanage, les liens de paille et la joie des enfants quand ils partaient, juchés sur les balles de paille en direction de la ferme ! Bye bye les grandes tablées prises en commun à la fin des travaux des champs, l’été enfui !

Devenue une ancienne toute ridée, elle aimera se souvenir de tous ces acteurs, chanteurs de la belle époque, tels les Belmondo, Gérard Philippe, Bourvil, Gabin, Michel Simon, Romy Schneider et autres. Elle fredonnera encore d'une voix mal assurée les refrains des musiques de Goldman, Ferré, Aznavour, Dalida, mais aussi de plus anciens comme, Léo Marjane, Fréhel, Rina Ketty, Mireille, Jean Sablon, Aristide Bruant et Vincent Scotto pour ne citer que ceux-là, la liste serait si longue ! De nos jours, ils ont laissé la place à Stromaë, Jennifer, Grand corps malade et autres.









*



 

 

 



 

 

 

Bonheur2



Toutes les images ajoutées en "décoration", sont mes créations PSP.

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
17 décembre 2017

Chronique du temps jadis : extraits N° 1

Bonjour,

 

 

 

 

 

 

 

Novembre 2015...

 

 

Je suis en train de réécrire l'ensemble de ce manuscrit !

Sous peu, je vous mettrai de nouveaux extraits qui seront la version définitive de mon travail d'écriture

 

 

 

 fleur_027

 

 

 

 

Chronique d'un "temps jadis"

ou

"La mère indigne"

 

 

 

 

 

 

  

fleur_027

 

 

 

   Reconnaissance

 

 

Paroles d'une âme inconsolable :

 

"Je dédie ces lignes à une petite fleur d’innocence qui s’est fermée par une belle journée de mai ; juste avant, elle avait pris son temps afin de nous faire comprendre combien la vie était belle et riche de promesses. Enfant hyper douée en tout, elle nous a embrassés, aimés avec cette générosité spontanée qui était sienne, parce que rien ne lui était indifférent.

Son monde, inondé d’amour et de tendresse, est parti à jamais. Il a laissé là en perdition des proches déchiquetés.

Mais en ce qui me concerne, elle a accompagné mon trajet, telle canne blanche, dans les ténèbres, rai d’espoir lumineux afin que je ne me perde pas. Ange Gardien, c’est grâce à toi que je ne me suis pas laissé mourir.

Sourire et bonheur des tiens, tu as été ma source de vie, ma résurrection. Sois mille fois bénie et repose en paix petit ange d’amour.

Mémoire, je voudrais... Ô, comme je voudrais que tu fusses autre. Mais il ne me reste que cette mémoire-là qui me raconte le bonheur mais fait ressurgir aussi et surtout le reste : le cauchemar, la souffrance, la peur, la culpabilité, la haine et plus que tout l’annihilation de ce qui ressemblait à notre vie, la vie d’avant le carrefour. Mémoire, Ô Mémoire, comme je voudrais."




                                           

 

 

 

  Préambule









- Tu sais, "la mère" elle nous aura tout fait ! Elle a divorcé, elle est sortie avec des noirs et maintenant, savez-vous la dernière ? Elle est lesbienne !



La remarque du jeune homme a fusé, cinglante, sur un ton offusqué et réprobateur.

C'est comme cette manie qu'elle a de toujours réclamer qu'on s'occupe d'elle, non mais… Quand va-t-elle comprendre qu'elle n'a pas su nous aimer et qu'on n'a plus de sentiments pour elle.

Ben oui. Fatalement, comme elle ne nous a pas donné d'amour ni d'affection alors, nous, on ne risque pas de lui rendre ça !

Oui, il faut savoir donner si l'on veut recevoir…

 

Celui auquel il s'adressait et ceux qui l'accompagnaient ont hoché de la tête d'un air entendu.







fleur_027





Une proportion importante d'individus jugent étiquettent, cataloguent.

Ces bien-pensants, qui sont-ils donc pour émettre de telles opinions destinées à classer untel ou unetelle dans une catégorie plutôt que dans une autre ?

Au nom de quoi, de qui, peuvent-ils être certains de détenir la vérité ? Connaissent-ils seulement la personne dont ils font ou défont ainsi la réputation ? Ont-ils la moindre idée de ce qu'elle a pu endurer ? Se rendent-ils seulement compte à quels points leurs propos vont la faire souffrir ?

Que ne sont-ils pas simplement dotés d'un peu d'intelligence, d'un soupçon d'empathie ? Tout serait alors vraisemblablement différent.





fleur_027

 





 

C'est un après-midi d'été, un jour comme les autres. Une de mes voisines a commencé à papoter avec moi par-dessus la clôture du jardin tandis que je prenais le temps de désherber mes fleurs. Le soleil est déjà haut dans le ciel et j'ai chaud. Nous parlons de tout et de rien, des choses de la vie en vaquant à nos occupations printanières, nous arrêtant de temps à autre pour caler un commentaire ou, plus simplement, nous redresser et soulager nos corps devenus douloureux. Tout naturellement, au bout d'une demi-heure de discussion, je lui propose de venir prendre une boisson fraîche pour continuer notre conversation dans de plus agréables conditions, sur la terrasse ou à l'intérieur, mais à l'ombre et au frais.



Je réside en Bretagne, à petite distance de la côte et l'air y est moins pesant qu'à l'intérieur des terres mais il n'en reste pas moins que lorsque la chaleur veut se faire ressentir... Mon interlocutrice acquiesce à ma suggestion ; je vais donc, derechef, lui ouvrir le portail. À l'intérieur, tandis que nous nous installons au salon sous le plafonnier, muni d'un ventilateur que je mets en marche, nous reprenons notre papotage. Je ne sais plus comment ont évolués nos propos mais le fait est que, rapidement, cette charmante vieille dame a entrepris de se raconter, me livrant ainsi ses secrets.

Mon interlocutrice (plus de première jeunesse, vous l'aviez compris) vivait relativement à l'écart du monde. Je dis cela parce que je ne l'ai jamais vu recevoir de famille ou presque jamais depuis que je suis revenue dans ma province d'enfance, le temps venu de la retraite. Ses confidences, d'abord de caractère général, vont rapidement prendre une tournure plus personnelle, je dirais même intimiste. Je l'ai écoutée avec la plus grande attention, elle qui avait connu tant de choses familières même si je les avais différemment vécues puisqu’aussi j’étais d’au moins quinze ans sa cadette.

Je vais vous relater un hommage le plus fidèlement possible : son histoire, parfois anecdotique, mais aussi ponctuée de larmes, de souffrance, de drames, une destinée flirtant fréquemment avec la mort. Bien évidemment, je n'ai gardé aucun patronyme pouvant la placer devant quelque difficulté que ce soit.

Soucieuse de bonne confidentialité, j’ai eu à cœur de préserver et garantir son anonymat. Je lui devais cette marque de respect minimale mais essentielle. Je me suis contentée de planter certaines séquences de sa vie dans des régions que je connais bien. Les décors évoqués sont destinés à vous faire apprécier leur beauté ou leur charme sachant que sa pudeur, voire la douleur produite par l'évocation de certains de ses souvenirs l'obligeaient à passer outre la situation géographique de son récit : en l'occurrence, j’ai de ce fait planté les décors dans la région dinannaise ou autour de St Malo par exemple, sans autres précisions.

Il m’a semblé primordial de vous faire partager les sentiments heureux et malheureux exprimés que j'ai ressentis au long de cette écoute : un récit témoignage d'une vie vécue dans sa stricte authenticité, à savoir, le parcours de Claudine.







 

fleur_027

 

 

 

 

 

 

Chapitre I





Claudine





22 Décembre : Grégory Lemarchal remporte la première place de l’émission télévisée



Ce matin de Mai deux mille quatre, Claudine s’était levée comme à l'accoutumé en ce matin de Mai 2004 ; dans la perspective d'un agréable petit-déjeuner qu'elle souhaitait déguster agréablement, elle avait attrapé un bol, rangé dans le meuble blanc à fleurs bleues de la cuisine. Il était un de ces anciens modèle vintage, selon l'expression actuelle, posé contre le mur. Il était identique à ceux que l'on possédait dans les campagnes au cours des années mille neuf cent.

Sa constitution, dès la prime enfance, s'était révélée assez délicate. Cependant, élevée à la dure, comme on l'était à cette époque, elle n'avait pas eu de suivi médical particulier. Elle avait donc grandi à la « va-que j'te pousse ». Une longue enfance de restrictions, de privations, de manques essentiels avaient fait d'elle une nature sujette à bien des faiblesses de constitution. Selon un rituel bien établi, elle y avait mélangé une quantité de lait et de café en respectant les proportions auxquelles elle était habituée ; elle mettait toujours beaucoup plus de lait (elle en raffolait) parce que de tous temps, elle avait eu besoin de laitages pour ne pas trop se décalcifier. Ensuite, elle avait déposé son bol dans le four à micro-ondes, avait tourné le programmateur en refermant la porte : il ne lui restait plus qu'à attendre la petite sonnerie indiquant que son breuvage serait prêt. Il était environ sept heures. Le soleil éclairait déjà généreusement un ciel sans nuage, annonciateur d’une délicieuse journée : une fin de mois de mai comme une autre, somme toute. La sonnerie du micro-ondes résonna presque aussitôt, l’avertissant que la boisson était chaude ; elle s’empara du récipient, l’emporta dans le séjour et le déposa sur la table avec précautions : le bol était rempli à ras le bord ; ensuite, elle laissa tomber quelques sucrettes dans le liquide (elle s’était mise au régime et avait par conséquent éliminé tous les sucres de son alimentation). Elle prit la chaise qui se trouvait face au bol et s’assit, désireuse de profiter de l’instant présent. Elle affectionnait particulièrement ce rituel matinal : depuis sa mise en retraite, il pouvait se dérouler paisiblement, sans précipitation aucune, ce qui n’avait pas toujours été le cas dans le passé.

Par la baie vitrée largement ouverte, elle entendait le chant des oiseaux. Alentour de son immeuble, s’étendait un assez grand nombre d’espaces verts arborés et fleuris ; dans les arbres situés en contrebas, des volatiles étaient perchés en grand nombre : leurs roucoulades étaient un plaisir pour les oreilles. Elle avala, avec délectation, une grande lampée de son café au lait et reposa le bol sur la table. Son esprit s'évada… Elle avait passé une bonne nuit, était détendue, bien dans sa tête autant que dans son corps. La sexagénaire aimait à ralentir le cours de sa vie dès qu'elle le pouvait et tendait à profiter de ce que celle-ci pouvait encore lui apporter. Comment expliquer qu'à cet instant un mot très précis s'imposât à elle avec force ? Plus qu'un mot, une idée, des images concrètes engendrant des souvenirs :  « famille  ». Pourquoi ces pensées, en cet instant, précisément ? Allez donc savoir. Toujours est-il qu’un flot de réflexions l’envahit. Elle n’avait nul désir de s’appesantir sur quoi que ce soit de sérieux et repoussa cette idée. Elle abaissa son regard : le bol était là, devant elle, encore à la moitié ; elle but de nouveau une gorgée puis une autre, lentement, en appréciant les bienfaits. Elle le reposa, saisit une cigarette, l’alluma, en tira une longue bouffée, laissant après coup la fumée s’échapper en volutes bleuâtres. Elle avait pourtant décidé de ne plus fumer, espérait y parvenir mais sans succès.

En combinant ces petits gestes inutiles, machinaux, elle avait tenté de repousser les idées qui s’étaient présentées intempestivement quelques instants auparavant : peine perdue. Devenue nostalgique, elle se prit alors au jeu des comparaisons : dans le temps on n'avait pas de

micro-ondes, le lait s'achetait à la ferme la plus proche et personne ne connaissait le sucre de synthèse. Enfant, elle avait beaucoup côtoyé le monde rural lorsque sa mère s'y louait en tant qu'employée de saison. Elle avait eu l'opportunité et l'occasion de connaître, d'apprécier tous les produits provenant de la ferme. Plus tard, ses enfants avaient, à une époque précise, eu celle d'aller, à leur tour, chercher le lait nécessaire à leurs besoins chez les agriculteurs voisins. Cette seule évocation de vieux souvenirs la ramena à SA famille et à son concept. La représentation philosophique, l’interprétation même de ce mot s’imposa à elle de plus belle : elle ne pouvait décidément plus s’y soustraire.

Avec le recul des années, elle se disait qu’il fallait une sacrée audace ou de l’inconscience pour oser mettre au monde des enfants dans ce siècle-ci, enfin, si l’on espérait en faire des adultes sains ou pas trop moches. Encore qu’à son époque une certaine qualité de vie, malgré sa rudesse, avait rendu l’éducation plus simple. Mais prend on en compte toutes ces considérations lorsque l’on est amoureux, par exemple ? Bien évidemment non et fort heureusement d’ailleurs car, dans ce cas, personne n’aimerait plus, n’agirait plus et ne concevrait plus aucune progéniture. N'oublions pas en outre que nous sommes aussi des animaux, évolués certes, mais dont la fonction première est de perpétuer leur espèce. L’être humain possède cette faculté de penser et de réfléchir à la fois merveilleuse et terrible qui en fait une personne dotée de sentiments.

Là réside sa force mais aussi ses défaillances.

Que représentait donc ce symbole « famille » pour Claudine ? Primo. Qu’est-ce que c'était ? Un simple mot, une idée ou un besoin ? Dans son cas, un désir profondément ressenti sans aucun doute. Adolescente, elle avait cru, souhaité, que sa mère et elle puissent enfin connaître, apprécier la sécurité, le bonheur de constituer une véritable famille : elle avait ressenti cette émotion lors de la présentation de son dernier et nouveau « papa ». Bien évidemment elle ne soupçonnait pas alors qu'entrait dans sa vie un pédophile de talent ! Cet homme allait faire radicalement basculer son existence dans la honte quand elle en attendait tant de joie : son quotidien était rapidement devenu vice et horreur et perdurera des années.

Mais revenons à son idée première : enfanter, ne serait-ce qu’une fois, avec ou sans mari. Ce mot entendait créer une vie, acte représentatif ce qu’il y avait de plus merveilleux en soi. Seulement avait-elle, alors, bien réfléchi à tout ce que cela impliquait Tout un chacun peut engendrer de nouvelles existences sur terre, certes. Cela est d'une telle facilité. Mais que deviennent-elles ensuite sous et hors de notre influence ? Certains enfants, bénis des Dieux grandissent entre des parents sereins. D'autres sont bercés par le vice et la déchéance. Â de rares exceptions près, les uns et les autres sont aimés par leurs géniteurs selon des règles différentes et ils grandiront au gré de valeurs aléatoires qu'ils viennent d'un milieu ou d'un autre. Quelques-unes parmi ces progénitures rendront à leurs parents amour et reconnaissance au centuple quand d'autres s'en détourneront alors que rien ne le laissait prévoir, pourquoi ? Les adultes les ont, en général, autant aimé même s'ils les ont mal aimé mais souvent, ils ont obtenu un résultat à l'inverse de leurs espérances. Il y aurait peu à épiloguer si ces enfants, plus tard, ne se mettaient pas en tête des idées étranges, idéales ou excessives sur ce qu’est une maman : plus grave encore, ils extrapolent la plupart du temps sur ses droits et devoirs. Et là, croyez-moi, nous frisons l’absurde, le pathétique, le non-sens ou la folie. Pourtant, de génération en génération, les événements se reproduisent faisant commettre les mêmes erreurs aux uns et aux autres, chacun se croyant éclairé, habité d'une nouvelle vérité. Pour les faibles, les assistés, les « zonards », les parents autant que la société, mais plus encore leur mère est responsable, sont responsables de tous leurs maux : il faut bien qu'il y ait un ou une coupable ! L'inéluctable : elle les aura mal préparés, aurait dû mieux les épauler, les comprendre, elle aurait dû. Mais quoi donc ?

Alors tout ce petit monde devient plus exigeant, personnel, égoïste : il oublie définitivement que maman est aussi et avant tout un être humain, une femme, avec ses forces et ses faiblesses. Les mères, en principe, donnent le maximum à leur progéniture, font en leur âme et conscience compte tenu des circonstances ; pourtant, elles se retrouvent souvent abandonnées, vieillissantes, malades, sans qu’aucun de leurs enfants ne se manifeste. De toutes manières, de notoriété publique, ces femmes sont seules responsables de leur sort : l'attitude de leurs rejetons est normale, voire justifiée ! Il ne viendra jamais à l’esprit de ces enfants qu'ils puissent avoir un devoir d’assistance envers leurs parents, et plus encore, celui de les aimer ce qui est un minimum. Mettons ce sujet au cœur d'une conversation et nous pourrons entendre ce commentaire de certains :  «Après tout, nous n’avons jamais demandé à naître ! Alors… »

C’est un peu de tout cela une famille, mais il en est de meilleures heureusement, enfin Claudine l'espérait, parce qu’il en est de pires aussi. Mais à vingt ans, preniez-vous en compte ces paramètres bons ou mauvais ? Qui peut le dire ? Ajoutons à cela que pour un enfant, un adolescent, la perception des ressentis de la vie est totalement différente de celle d’un adulte : son regard, sa sensibilité sont autres. En vieillissant sa mémoire sélective ne retiendra que ce qui lui aura semblé primordial dans ce qui constituait son contexte et sa sensibilité du moment donné, de l'époque : c’est ainsi, heureusement dans certains cas et malheureusement dans d’autres.

Précisons que la pensée des enfants actuels a quelque peu évolué avec l'impact de la télévision et d'internet, mais autrefois, ils n'étaient éduqués que par la parole transmise : celle des adultes, parents, instituteurs, voisins, camarades et par la lecture. Sa vision, toute personnelle, pouvait se résumer ainsi : créer la vie est, ou tout au moins devrait être, une étape, pas une finalité. Cependant, obtenir que les êtres en question soient solides, unis et forment quelque chose de cohérent ayant une articulation positive, évolutive, dans la diversité, est un tout autre enjeu. Les enfants héritent de gènes multiples destinés à façonner des individus dotés de points communs, mais aussi de différences avec lesquelles il faudra apprendre à composer au plus juste, puisque aussi leur devenir nous est totalement inconnu.

Il était évident qu'à ce stade de ses réflexions, un mécanisme s'était enclenché. Était-ce pour éclaircir quelques points de détail, comprendre ou tout au moins analyser quelque chose émanant du passé ? Elle n’avait certes pas les réponses cependant, curieuse de nature, elle décida de se laisser aller ; elle avait le temps : on en a toujours à la retraite.

Elle revoyait l'enfant effacée, timide, de ses premières années, sans amis ni confidents d'aucune sorte avait choisi la solitude face aux incessants déménagements de sa famille, non pas que cet état soit le meilleur qu'elle ait souhaité mais l'isolement évitait les douleurs qu'apportent les séparations. Il en était de même avec ses nouveaux papas : à peine s'attachait-elle à l'un d'entre eux que sa mère annonçait leur prochain départ vers de nouveaux horizons. Ce contexte l'avait incitée à compenser ses manques, sans pour autant les identifier. Un cocon qui vous protège de tous les chocs, un nid où il fait bon vivre. Claudine avait fortement désiré cela : réaction somme toute compréhensible, humaine.

 

(à suivre...)

 

 

*

 



 



 

Voici comment cette femme avait , pour moi, décrit un chapitre de sa vie : il me semblait que pour elle, il avait une extrême importance.

J’avais entendu sans intervenir, acquiesçant de la tête en souriant simplement.

 

N'oublions pas qu'outre les confidences de ma voisine Claudine, je me suis permis, pour enrichir l'histoire, de la questionner plus tard et que là, je place le lecteur (vous) dans ma situation : celle de faire sa connaissance comme si elle-même se racontait devant vous et pour ce faire, je reviendrai parfois en version « dialogue ».

 

Elle continua son récit le lendemain, en soirée cette fois : nous avions convenu de prendre une tisane ou un café ensemble, Je lui avait expliqué mon statut d’écrivain et combien il me plairait de coucher par écrit son récit.

 

J’avais de prime abord ressenti une résistance puis mes arguments finirent par la décider : je préserverai son anonymat et elle serait le témoin d’un style de vie en voie d’extinction, donc elle laisserait une trace, celle d’une chronique d’un temps jadis à jamais révolu.

 



 

 

A coeur perdu

 

 

 

(Toute copie et reproduction interdite : texte protégé.)

 

30rryq9

 

16 décembre 2017

"La mère indigne", partie 2

Le manuscrit, je le soumets bien entendu à vos éventuelles appréciations ; en voici donc un nouvel extrait qui suit immédiatement le premier...

 ***

 

Voici comment cette femme avait , pour moi, décrit un chapitre de sa vie : il me semblait que pour elle, il avait une extrême importance, J’avais entendu sans intervenir, acquiesçant de la tête en souriant simplement.
N'oublions pas qu'outre les confidences de ma voisine Claudine, je me suis permis, pour enrichir l'histoire, de la questionner plus tard et que là, je place le lecteur (vous) dans ma situation : celle de faire sa connaissance comme si elle-même se racontait devant vous et pour ce faire, je reviendrai parfois en version « dialogue ».
Elle continua son récit le lendemain, en soirée cette fois : nous avions convenu de prendre une tisane ou un café ensemble, Je lui avait expliqué mon statut d’écrivain et combien il me plairait de coucher par écrit son récit.
J’avais de prime abord ressenti une résistance puis mes arguments finirent par la décider : je préserverai son anonymat et elle serait le témoin d’un style de vie en voie d’extinction, donc elle laisserait une trace, celle d’une chronique d’un temps jadis à jamais révolu.

 


*

 

Claudine s’était mariée, réussissant à fonder ce qui devait s'apparenter à son rêve. Pourtant elle n’était pas véritablement satisfaite du résultat, non : elle estimait n'avoir nullement concrétisé la plus infime de ses aspirations profondes et donc, par ricochet aucune de ses espérances.
Elle avait un espoir alors : ses enfants seraient en grandissant conscients de ces privilèges mais aussi de ces risques. Son un idéal était simple en fait : qu’ils soient aptes à les utiliser pour en tirer le meilleur parti avec elle, en ayant l’objectif primordial de bâtir, le moment venu, une autre et nouvelle famille. La règle était là, à n’en point douter à condition de produire un ensemble compact, soudé, solide.
Était-ce en ce point qu’elle avait failli ? N’avait-elle pas su faire passer le bon message en leur direction ? Avait-elle eu tant de graves lacunes dans sa façon de les élever ? Avait-elle insuffisamment dialogué ? Â moins qu’ils n’aient pas compris, entendu, ou voulu se saisir des éléments de messages éducatifs offerts ? Difficile à dire. Elle ne parvenait pas à prendre position ; elle avait beau tourner et retourner le problème dans sa tête, aucune réponse miraculeuse ne venait éclairer sa réflexion, encore moins l'apaiser. Cette connaissance lui aurait pourtant été fort utile lorsqu’elle s’était retrouvée seule à plancher sur ce chapitre des plus sérieux. En fait, à l'époque, elle n’avait pas eu l’opportunité d’obtenir quelqu'avis, bon ou mauvais. Elle n'avait pas davantage bénéficié de conseils comme tel est le cas, lors de dialogues instaurés entre divers intervenants : les parties échangent, se contredisent, s’expriment. Le sujet peut être cerné, disséqué et, la plupart du temps, la solution surgit.
Elle avait formulé inlassablement ses préceptes espérant qu’ils prennent racine dans l’esprit de ses enfants. Cependant, elle assumait seule leur éducation. Elle n’avait jamais soupçonné que l’absence de controverse soit préjudiciable à son enseignement. De fait, ses conseils n’avaient été pour eux, que des hypothèses émanant d’une mère imbue de ses prérogatives. Ils l’avaient jugée trop directive, autoritaire. Jeunes et insouciants, ils n’avaient pas compris la lourdeur de la tâche maternelle : divorcée, sans travail au moment de leur adolescence, elle avait dû prendre les lourdes décisions qui lui incombaient.
Or, nul n’est infaillible, nul ne possède la science infuse : Claudine était consciente de ses limites mais estimait pourtant avoir fait au mieux, dans les moments fatidiques : pourquoi devrait-elle rendre des comptes, maintenant, devant des adultes partisans ? Je voudrais pouvoir être là dans vingt ans quand leurs progénitures s'érigeront en juges face à eux, songeait-elle.
Mais quelle vision les enfants ont-ils leur mère en règle générale ? Quelle soit une mère et rien que cela, en principe... Elle n'a pas le droit de faillir, encore moins de se tromper. Elle doit savoir tout gérer, tout régler, en toutes circonstances. Claudine, en son âme et conscience, était certaine d'avoir toujours tenté d'être cette maman, mais n’en était pas moins demeurée une femme aux aspirations diverses et contrariées, voire annihilées. Leurs jeunes esprits ne concevaient pas qu’une maman puisse se conduire comme les autres femmes et surtout vivre, par exemple, une sexualité. Ils ne l’imaginaient même pas ! De toute façon elle n’était pas une femme : elle était une mère il n'était pas concevable d'échapper à ce raisonnement.
Elle avait sans doute commis une erreur en évoquant cette particularité très personnelle de son existence avec ses petits, durant leur l’âge ingrat. Il n'est pas toujours bon de dire toutes les vérités aux enfants, encore moins quand ce sont les siens : parfois le silence est plus profiteur. Par exemple si elle quittait le domicile certains soirs ou weekends pour vivre quelques moments privés, elle les renseignait sur sa destination. Il fallait que l'on puisse la joindre, « juste au cas où ». De son côté, elle pensait à souvent téléphoner pour s'assurer que tout allait bien.


*


Si nous nous replongeons dans le cheminement philosophique du siècle précédent, il est évident que rares étaient les femmes osant se prétendre l'égal de l'homme.Tendre à se prévaloir de ce titre relevait d'une intrépidité relevant de la bravoure. Elles étaient, la plupart du temps soumises, effacées à vie, se contentant de parfaire l'éducation de leurs enfants, d'accomplir les tâches ménagères et de satisfaire un maître. Notre « vieille dame » avait eu un tout autre parcours. En tentant de se soustraire aux vicissitudes de son existence elle s'était placée hors norme. Elle avait bousculé les principes ancrés depuis trop longtemps.
Mais au fait, qui donc était-elle ? Avant tout une adolescente perturbée qui s'était enfuie loin du foyer familial, mais pas seulement. Sans repère, en mal d'amour, immergée dans des lectures romanesques elle s'imaginait une vie n'ayant que peu de liens avec la réalité. Avait-on pris un instant la peine de l'écouter, de l'entendre vivre ses douleurs ? Personne ne connaissait ses intimes pensées, encore moins ses désirs, ses aspirations ; elle avait dû composer sa vie difficilement, pas à pas, gérer également celle de ses petits ; personne ne s'était jamais enquis de savoir si elle était heureuse ou non.
Au final ces obstacles lui avaient certainement forgé un caractère directif dérangeant alors qu'il ne s'agissait que d'une carapace : cette protection tendait à éloigner les risques potentiels synonymes de problèmes, donc de douleurs.


*

 

Elle ne désirait nullement se laisser envahir par des ondes négatives d’où qu’elles viennent : la matinée était bien trop douce. Dans le square, le chant des oiseaux perchés dans les arbres, sous ses fenêtres, l’incitait à d’autres rêves ; un vent léger faisait frissonner les feuilles. Elle se leva nonchalamment, repoussant la chaise du pied et alla ranger son bol ; au retour, Claudine reprit une autre cigarette, l’alluma. Décidément, elle était incorrigible. Quand donc arriverait-elle à tenir cette promesse qu’elle se faisait si souvent, de cesser le tabac ? Il lui fallait s'y résoudre pourtant car les pouvoirs publics commençaient à faire la vie dure aux accros de la cigarette et en outre, elles devenaient de plus en plus chères.
Elle s’accouda à la rambarde du balcon entre les potées de fleurs suspendues : elle avait baptisé l’ensemble, afin de ne pas oublier sa province verdoyante, son mini jardin. De son appartement, situé au huitième étage, elle avait une vue directe sur le gros feuillu délimitant l’accès au parc ; elle remarqua que sur l’une de ses branches un couple d’oiseaux avait élu domicile et commencé la construction d’un nid, faisant de nombreuses allées et venues. Dans peu de temps, se dit-elle, ils auront des petits, eux aussi. Animal ou humain, éternel recommencement du cycle de la vie. Mais nous, qui sommes des animaux évolués, possédons cette « fameuse faculté » de penser et de réfléchir ; par conséquent, nous sommes dotés de sentiments, là réside la grande différence, celle qui complique ou arrange tout.

 

 

*





 

vers la pointe du gouffre

 

10 décembre 2017

Hommage à l'ami d'une vie

 

 

Au revoir, adieu à celui qui fut dans la vie de tous :

Jhonny Halliday nous a quitté,

il m'a quittée !

 

 

QzvBXifs50ZYLGY5ueM9SMhZCNI@380x454

 

 

Nous avions, à quelques mois près, le même âge, nos vies ont donc cheminées de concert si je puis dire :

lui, dans la lumière et moi souvent parmi les "ombres"... Dans le livre que je termine, (si mon cancer le permet) je l'avais mentionné tout au long de mon récit tel un fil rouge, conducteur : j'étais son "témoin" et lui était mon repère.

J'ai toujours pensé que lorsqu'il s'éteindrait dans la gloire, viendrait le moment de m'envoler discrètement dans l'anonymat et la solitude...

Voilà, il m'a quittée, beaucoup d'entre vous l'ont également perdu... Sa famille, ses amis, tous sont dans la peine et je leur souhaite de gagner de la sérénité pour vivre cet "après".

Je suis encore là, alors cher ami "Jojo", permets-moi, avant que vienne l'instant de te rejoindre, permets-moi de terminer ce livre et de le publier...

rosepourtoi 1

8 janvier 2017

Bretagne mon amour...

 

 

 

 

Bretagne mon amour

 

*

Bretagne

 

 

 

 

  

 

Un petit grain de sable filant entre mes doigts,

Fin comme soie sauvage me ramène chez moi.

Là bas dans ma Bretagne dont la douceur me hante

Là bas dans mes rochers que les marées tourmentent.

 

 

 

J’ai comme un vide au cœur de ne plus voir son ciel

De nuages pommelés et dont le bleu se noie

Dans les vagues d’écume qui aux écueils se broient

Portant dans leur vacarme le goût fort de leur sel.

 

 

 

Il me manque le vent qui frémit dans les mâts,

La couleur des couchers quand la mer est étale

Les rageuses tempêtes qui font craquer les voiles

Et la moisson des blés quand le soleil rougeoie.

 

 

 

Le goût me manque aussi des galettes au blé noir

Des crêpes que grand mère nous préparait souvent.

Ils laissent un souvenir au fond de ma mémoire

Un souvenir d’enfance au parfum enivrant.

 

 

 

J’ai l’impression parfois de mourir doucement

Sans ma terre Bretonne et ses landes au vent.

Mon Iroise fougueuse le cri des goélands

A mon cœur d’exilée manquent cruellement.

 

 

 

Je suis comme amputée d’une partie de moi

Quand je ne peux plus voir dans sa beauté sauvage

Ma merveilleuse mer mourant sur les rivages.

Ma Bretagne je t’aime et suis trop loin de toi

 

 

 

 

Babou-3

 

 

 

Poème trouvé sur le net que je vous retransmets

parcequ'il traduit parfaitement

les sentiments que je ressens et l'amour

que je porte à cette terre de mes racines...

 

 

Publicité
Publicité
8 janvier 2017

Gâteau moelleux à l'orange

 

 

 

 

 

091202102750405577

 

 

 

 

Gâteau à l'orange

 

 

 

Ingrédients :

 

- 120g de beurre 

- 120g de sucre

- 3 C. à S. de poudre d'amande (125g)

- 80g de farine

- 2 oeufs+2 jaunes

- 1 s. de levure

- 1 s. de sucre vanillé

et pour le sirop, 5 cl de Cointreau

- le jus et le zeste d'une orange

En servant  avec une crème...

Préparation :

Place les oeufs (entiers + jaunes), le suce et le zeste d'orange dans le bol d'un robot muni d'un fouet.

Fouette le mélange jusqu'à ce qu'il blanchisse et double de volume. Incorpore alors le beurre fondu et le jus d'orange puis ajoute la poudre d'amande, la farine et la levure.

Mélange afin d'obtenir une pâte bien homogène. Beurre le moule de ton choix, vers y la préparation puis enfourne pour 30 minutes à 180°.

 
Pendant ce temps, prépare le sirop, pour ce faire, verse le jus d'orange et le sucre vanillé dans une casserole, laisse réduire de moitié puis ajoute le Cointreau et fais flamber (attention à tes poils de nez..)

 
Sors le gâteau du four, laisse le tiédir et alors qu'il est encore tiède, imbibe le de sirop.  
Délicieux avec de la crème fraîche épaisse.

 

091202102750405577

8 janvier 2017

Invitation de La Folie...

 

 

La Belle et l'oiseau

 

 

Invitation de la Folie

 

 

 
    La Folie décida d'inviter ses amis chez elle : tous les invités y allèrent.
 Après le café la Folie proposa :
 - On joue à cache-cache ? 
 - Cache-cache ? C'est quoi, ça ? demanda la Curiosité.
 - Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez.
 Quand j'ai fini de compter, je cherche et le premier que je trouve sera le prochain à  compter. 

 Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.
  La Folie commença à compter :
 - 1, 2, 3…

 L'Empressement se cacha le premier, n'importe où.

 La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre. 

 La Joie courut au milieu du jardin.  La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit approprié pour se cacher. 

 L'Envie accompagnle Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.

 La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.

 Le Désespoir était désespéré en voyant quela Folie était déjà à 99. 

 - CENT ! cria la Folie, je vais commencer à chercher...

 La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n'avait pu s'empêcher de sortir  de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert.
 En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture ne sachant  pas de quel côté il serait mieux caché.
 Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité...

 Quand ils étaient tous réunis, la Curiosité demanda :
 - Où est l'Amour ?
 Personne ne l'avait vu.
 La Folie commença à le chercher, au-dessus d'une montagne, dans les rivières au  pied des rochers... Mais elle ne trouvait pas l'Amour.
 Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, prit un bout de bois et commença à  fouiller parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri :
 C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un œil.  La Folie ne  savait pas quoi faire.
 Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et alla jusqu'à lui promettre de  le suivre pour toujours. 
 L'Amour accepta les excuses. 

 Aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours...
Texte attribué à Jean de la Fontaine.

 

 Et voici une autre version en vers trouvée par un ami et donnée en "partage" sur le net.

La fable en prose "Invitation de la Folie" que certains ont attribuée à Jean de La

Fontaine, est ci-dessus.

Un italien, Davide Saliva, en a fait un texte en vers que je vous propose ; il en vaut la

peine, à mon avis !

 

 

 

 

 

 

 

rosepourtoi 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Babou-tuto Virginia

 

 

 

 

 

 

La Folie, un beau jour, invita des amis
A jouer à cache-cache autour de son logis...
Elle décida alors de compter jusqu'à cent
Afin que ses compères se trouvent un lieu décent.

La Peur et la Paresse étant mauvais joueurs
Refusèrent l'invite et s'en allèrent ailleurs...
On vit l'Empressement qui en courant partout
Se trouva une planque ne valant pas un clou.

Pendant que la craintive et belle Timidité,
Dans une touffe d'arbre, alla se réfugier,
La Joie toujours ravie de montrer son entrain
Se figea, au grand jour, au milieu du jardin.

Tandis que la Tristesse se mit à pleurnicher
Car elle ne trouvait pas d'endroit pour se cacher,
L'Envie et le Triomphe allèrent s'aguicher
En s'allongeant, lascifs, derrière un gros rocher.

Quand enfin la Folie fut parvenue à cent,
On vit le Désespoir se faire du mauvais sang
Au point de se clouer auprès de la Douleur
Dans l'endroit réservé aux sanglots et aux pleurs.

La première trouvée fût la Curiosité
Qui, à cent, se propulse en dehors du terrier,
Pour voir qui, des amis, seraient le premier pris,
Sans même s'étonner de sa belle ânerie.

Quand tous furent trouvés, vint alors la Panique
Qui se mit à crier de façon hystérique :
"- Mais où est donc l'Amour!...Où s'est-il débiné!...
A-t'il eu l'intention de nous abandonner?!!!...

On le chercha partout, et par monts et par vaux...
On crut même le voir dans le ciel tout là-haut...
Il s'était réfugié dans un rosier grimpant
En espérant trouver la Paix pour très longtemps.

Mais, dès lors, la Folie se mis à bastonner
Les branches du rosier aux épines acérées.
Soudain elle entendit hurler le Cupidon
Qui sorti du rosier les yeux pleins d'aiguillons...

Elle implora l'Amour de pardonner son geste...
Qu'elle n'aurait plus jamais, avec lui, la main leste...
Qu'elle voulait, pour toujours, suivre le bon chemin,
En se faisant l'esclave de l'Amour souverain.

Alors, l'Amour aveugle accepta la prière
En obligeant l'impure à se mettre derrière
Ses pas de malvoyant qui titubent un peu
Mais n'ont aucun besoin de folle guidant ses yeux.

Mais pourquoi La Fontaine décida, un beau jour,
Que la Folie serait un guide pour l'Amour?...

 

 

 

 

 

      coucou1                                           coucou1              

 

 

 

 

 

29 septembre 2016

"Chronique du temps jadis"-3

duo

 

 

Extraits :

 

 

Au début des années soixante.





La mère de de Claudine, femme plantureuse au caractère bien trempé, assez jolie de sa personne, la trentaine assurée, s’était remariée avec un militaire de carrière à l’aube de ses onze ans. Son compagnon, de retour d'Indochine, n’avait pas occupé une belle place dans le parcours de l'adolescente, loin s’en faut. Après une vie tumultueuse, c’est le moins que l’on puisse dire, sa mère s'était un peu rangée aux côtés de ce baroudeur, cavaleur notoire. Sur ces bases, les jours s'écoulaient bon an mal an. Pour l’heure, il se trouvait encore en Afrique du Nord : c’était la guerre dans cette Algérie qui réclamait aux colons et au peuple français son indépendance. Il devait revenir au printemps après ses seize ans.





Martial.

  Les circonstances, les causes en demeuraient très présentes dans sa mémoire. Qui oublierait ces moments de vie-là ? La jeune fille s’était amourachée du premier garçon qui lui avait accordé un soupçon d'attention lors d'une banale rencontre.

L’année précédente, ses parents avaient acquis une ancienne maison, située en pleine campagne bretonne. C'est en ce lieu, dans ce cadre que tout avait commencé : l'adolescente, déjà salie par les dérives sexuelles de ses parents va saisir l'opportunité de s'évader. Là va germer, de façon fortuite, ce fruit qui donnera naissance à une jeune fille, une femme, « la mère indigne ». Elle va, hélas, choisir de quitter un mal pour un autre, basculant dans l'impensable. Imaginons un instant mon interlocutrice, adolescente, dans cette maison où va se déterminer l’enchaînement de son parcours.



   La résidence de notre famille (Claudine et les siens) se situait à l’extrémité d’un hameau composé de quatre habitations. Il se situait à plus de cinq kilomètres du village le plus proche, environ dix de la ville. Un simple chemin en desservait les maisons et la voirie du hameau se terminait en cul de sac, devant une ferme. L'habitation est ordinaire. L'aménagement intérieur en est classique, correct, à un détail près : les fils électriques ne sont plus sous baguettes mais pendouillent avec moultes rallonges, prises triplites et autres rafistolages du même acabit.Ils vont d'un appareil vers un autre sans que l'on en comprenne véritablement le motif. Partant de là, vous aurez une excellente représentation de la situation et de la nécessité d'intervention d'un professionnel.

  Afin de remédier à tous ces inconvénients, la mère de Claudine avait enfin eu recours aux services d’un électricien pour effectuer la mise aux normes de son installation. L'artisan du bourg voisin, contacté, leur avait adressé son meilleur ouvrier. Ce dernier était alors venu voir l’ampleur de la tâche. Il avait inspecté les différentes pièces sans émettre aucun commentaire, se contentant de prendre des notes. Il avait également inspecté l'étage puis, sa cliente sur les talons, il était redescendu. Cette dernière s'était alors enquis des délais de travaux, de leur coût et de leur durée. Il avait estimé qu’il faudrait plusieurs jours pour remettre en état l’installation. Réaction et prévisions normales si l’on sait que la maîtresse de maison était une spécialiste en bricolages divers et dangereux.

  Le chantier avait approximativement duré une semaine ; pendant cette période l’ouvrier avait été des plus sympathiques, discutant de tout et de rien avec sa mère autant qu’avec elle-même. Sa présence apportait un souffle de jeunesse, de gaîté à ces deux femmes isolées et esseulées.

Le samedi, en fin d’après-midi, l’ouvrier était revenu les voir. Il avait frappé à la porte d'entrée avec une fermeté toute masculine. Claudy lui avait ouvert et sur le moment avait eu quelques difficultés à le reconnaître tant il était changé, différent ; sa taille était apparue ceinturée à la manière des aficionados par le haut d'un élégant pantalon en tissu prince de Galle de ton beige ; sa chemise impeccablement blanche surmontée d'un gilet de ton identique ; ses cheveux enduits et lustrés de brillantine mettaient la touche finale à cette tenue très sixties. Ah, il était très beau, pour l’époque ! La maîtresse de maison l’avait d’ailleurs flatté, attestant de son élégance tandis qu’ils prenaient un verre de cidre selon la coutume locale. Cette femme, toujours fascinée par la gente masculine, ne perdait aucune occasion de papillonner autour. Profitant de son avantage, le jeune homme avait sollicité et obtenu l’autorisation de sortir la jeune fille, sous condition de la reconduire avant 1h du matin. Sans autre forme de procès, il l’avait invitée pour le soir même.

  Claudine n’en avait pas cru ses oreilles. Quelqu’un lui accordait un regard et plus encore, de l’attention. Elle n’avait jamais été confronté à ce type de situation, n'était ni préparée ni habituée à cela ; tout au long de sa jeune existence, sa mère n’avait cessé de lui répéter :

- Tu ne sais décidément rien faire ! Tu n'es bonne à rien. Tu me déranges ! Ce que tu peux m'agacer !

Quoi qu’elle ait pu faire ou dire, rien n’avait jamais été ni apprécié ni récompensé : ainsi elle avait perdu toute confiance en elle. De surcroît, elle n'était rarement sortie seule durant se courte adolescence : encore bien jeune ballottée au gré d'incessants déménagements, elle n'avaient guère eu de facilité pour nouer quelque amitié que ce soit. Et là, tout d’un coup, elle, la laissée pour compte, l’oubliée, la pas bonne à grand-chose, la tu n’arriveras jamais à rien de bon, avait pris de la consistance par le seul regard d’un étranger, un homme de surcroît ! Soudainement extraite de sa bulle protectrice, connectée au monde réel, elle ressentait un féroce appétit de vivre. Cependant, après tant d’années d’isolement volontaire, l'enfant était désarmée, affreusement vulnérable, d’autant qu’elle se représentait la vie avec un idéalisme illusoire comparable aux sujets de romans dévorés pendant ses soirées de lecture.
  Sitôt le départ du garçon , Claudine était montée dans sa chambre toute excitée. Elle entreprit de repérer une tenue correcte pour la circonstance ce qui n'était pas chose aisée : très longiligne, un peu maigrichonne, elle semblait toujours ne porter que les vêtements des autres, mal adaptés ou trop grands. Elle dénicha cependant une jupe et un pull passablement corrects : ils produiraient aisément leur effet ! Ses longs cheveux blonds recoiffés balayaient ses épaules de leurs boucles. L'attente avait commencé angoissante, ponctuée du rythme de ses allées et venues. N'allait-il pas changer d'avis ? Mais non, vers dix-neuf heures trente il arriva, la comblant d'aise. Les deux jeunes sortirent ensemble plusieurs week-ends de suite : le vendredi en soirée, ils se rendaient au cinéma et le samedi au bal. Maurice excellent valseur apprit rapidement à la jeune fille tous les rudiments de la danse de salon.
  Claudine vivait son roman d’amour sur un nuage rose. Comme ses héroïnes artificielles elle aimait, elle existait pour quelqu'un d'autre, un alter-ego, un complément. Un futur fait pour elle et avec elle prenait consistance.
Mais la vision du jeune homme, en la matière, était-elle l'unisson ? A ce stade de leurs relations, une seule idée prévalait sur toute autre considération : obtenir les faveurs de la jeune fille, se « la faire » et rien que cela ! Patiemment, il conditionna sa proie particulièrement malléable. De six ans plus âgé, il avait déjà acquis l'expérience des femmes au cours de ses tribulations entre « mecs ». Sans état d'âme, sans tact ni délicatesse, sans la plus petite once de respect pour sa jeunesse, il fit ce qui était nécessaire pour atteindre son objectif : peu lui importaient les conséquences, voire les dommages collatéraux (il ne l'aimait pas).
  Certes, il est, ou était, plus ou moins dans la nature d’un garçon de concrétiser une relation avec une fille par un acte sexuel. En l'occurrence, il avait face à lui à une mineure qu'il aurait pu concevoir de préserver. Ce n'avait pas été le cas.
L’amoureux de Claudine avait la chance de posséder et par conséquence, de conduire une traction Citroën 11D. Rares étaient les jeunes ayant la chance de posséder ce type de véhicule, surtout dans le monde ouvrier (et provincial) de l’époque. Conscient du fait, il frimait énormément au volant de sa voiture. Les individus se déplaçaient beaucoup plus fréquemment en vélo, vélo solex ou mobylette, moyens de locomotion qu'il était ordinairement aisé de croiser, à défaut d'obligation de marcher.
Un samedi soir pareil aux autres, au retour du bal, ils avaient déposé, en chemin, un couple d'amis fiancés complices de toutes leurs sorties. Au cours de la soirée, le « prétendant » de Claudine s’était montré tour à tour, tendre, fougueux, pressant, tenace, persuasif envers l'adolescente. Son seul dessein persistait à la séduire par n'importe quel subterfuge. Mais, toute à son rêve, elle subsistait sous le charme ne réalisant absolument pas ce qui se tramait juste sous ses yeux. Elle le pensait sincère, amoureux et trouvait la situation merveilleuse : elle ne se posait aucune question.

Un instant plus tard, dans l’aube naissante, il s’arrêtait sur le bas-côté de la petite route de campagne, à environ dix minutes de leur destination. Claudine lui demanda si la voiture avait un problème mécanique. D'un geste de tête il lui fit comprendre que non.

Il manifesta alors très clairement ses desseins. La situation desservait la jeune fille, isolée, enfermée dans l’habitacle de la voiture, à sa merci. De suite le garçon enserra sa taille d'une poigne ferme, cherchant immédiatement à l'embrasser. Son autre main s'empara de sa cuisse la caressant. La main insolente remontait vers sa tête et chercha à tourner son visage vers lui, mettant ainsi sa bouche à disposition. Claudine, malgré tout, se fit réticente. Cet homme, qu'elle pensait aimer n'avait aucun droit de se conduire ainsi. Elle se défendit d'abord de ses travaux d’approche de cet homme : son comportement lui semblait subitement trop libertin, incongru. Son ignorance du flirt, de ses règles la mettaient en état d'infériorité : inconsciemment une sourde crainte monta. Elle se remémora les attouchements de son beau-père, le dégoût inspiré. La scène, telle qu'elle la vivait sur l'instant, la déroutait, la perturbait dans ce qu'elle avait un arrière goût de « déjà vu » intolérable et inconcevable. Sentant se dérober sa proie, le garçon insista, puis, impatient, ajouta :

- Je ne pourrai pas t’épouser si je ne suis pas certain que ça va coller entre nous. Allez, voyons ! Laisse-toi faire. Tu sais que je t'aime. C’est très important, le sexe, dans un couple. Laisse-toi faire, je t’en prie. Laisse-moi t'embrasser, te toucher. C'est normal tout ça, t'as rien à craindre.



Puis, d’ajouter, en riant, pour donner selon lui, du réalisme à la situation :

- De toutes façons les femmes, elles sont comme les chaussures. Il faut les essayer afin de se rendre compte si on est bien dedans !

- Mais, mais... Avait-elle bredouillé, enfin plutôt bafouillé, sans conviction, constatant qu'il n'entendait même pas ses paroles, ne tenant pas plus compte de son désir de refus.



Elle avait subit, consenti cet acte non désiré, n'en avait ressenti aucun plaisir, juste la douleur d'une affreuse déchirure. Déçue, perplexe, mais plus encore honteuse, elle n’ouvrit plus la bouche jusqu’à leur arrivée. D'anciens souvenirs très déplaisants, douloureux, similaires, affluaient dans sa tête1. Il allait la déposer devant sa porte quand, oh surprise, ils remarquèrent que la mère de Claudine les attendait.

- Vous avez vu l’heure ? Où étiez-vous ? Je m’inquiétais, bon sang !



Maurice entreprit alors de se justifier prétextant une roue crevée qu’il avait dû changer, du temps que cela avait pris, de l’obscurité qui avait rendu l’opération difficile (il avait pour le prouver pris la précaution de se salir les mains avant de repartir). Le discours sembla plausible à la mère de Claudine ; enfin c’est l’impression qu’elle donna sur le moment.

Par la suite, les années passant, éclairée par de nouveaux événements, Claudine sera amenée à spéculer  sur son attitude: sa mère avait fermé les yeux sur ce qui s'était passé pour mieux profiter de son ascendant sur le jeune homme. Mais bon, c’est un autre sujet qu'il ne servait plus à rien d'évoquer. Étrangement, alors qu’elle avait été amenée à goûter, au fruit défendu au cours de ses fiançailles (selon l'expression de l'époque), rien ne lui était arrivé de fâcheux : elle ne s’était même pas retrouvée enceinte. A présent, elle se disait que si, dès cet instant, elle s’était découverte dans cette situation et si son fiancé l’avait abandonnée, elle serait certainement devenue mère célibataire : sans doute aurait-elle été plus heureuse ? En fait, rien ni personne ne change le cours du destin lorsqu’il est en marche. Ce disant, une moue désabusée marqua son visage. Dieu, ce qu’elle était niaise, alors ! Son comportement avait été stupide, idiot. Non seulement elle avait permis que ce garçon lui parle de la sorte, mais diantre, elle ne l’avait même pas giflé ! Pire, elle lui avait cédé parce qu’elle avait cru ses propos et ces intentions. Mais les avait-elle crus ou avait-elle fortement et simplement voulu les croire ? Le subconscient est tellement complexe...



enfant tuto



Il faut dire à sa décharge qu’elle n’avait jamais pratiqué le badinage et elle était bien jeune... Tout juste seize ans, et, à cette époque, les adolescents demeuraient innocents un petit peu plus tardivement que de nos jours... Mais le motif le plus grave était ce désir puissant de fuir son foyer qui n’avait rien d’un cocon familial, qui l'avait conduite à gober tout et n’importe quoi. Elle s'était alors révélé être une proie tellement facile. Même sa mère l’avait trahie pendant cette période, comme au cours de son adolescence.

Elle la trahira encore plus tard, se rendant complice d’actes odieux dont le seul but sera de ne pas perdre l'objet de tous ses désirs. Le sexe fait commettre tant de choses viles et dégradantes à ceux qui en sont esclaves, engendrant la pédophilie ou l'inceste. De nos jours notre adolescente aurait été en droit de solliciter une aide efficace soit auprès d'un éducateur, soit près d'une association quelconque dès lors qu'elle aurait été mêlée à de l'infâme ou mise en danger ne serait-ce que moralement. Dans son temps ces lois n'existaient pas ou si peu : les choses se faisaient, oui, mais personne n'en parlait, sujets tabous. D'ailleurs ces infrastructures étaient-elles seulement en place ? Elle avait dû composer avec ces choses-là, les avait enfouies dans sa tête. Tout au long de son enfance, le nez plongé dans sa littérature romantique, elle avait fui la réalité, entrevoyant la vie telle un conte : il était son refuge. Avec une mère tellement instable que jamais elle n'avait pu vivre une année scolaire complète dans le même établissement, elle n’avait trouvé que ce moyen de se soustraire au quotidien malpropre qui avait toujours été le sien : l’évasion par la lecture et le rêve. Princesse de Clèves un jour, Clélia amoureuse de Fabrice Del Dongo, un autre. Elle enjolivait son ordinaire, se fabriquait des aventures plus chimériques les unes que les autres, s'inventait des mondes dont les personnages étaient fidèles, tendres, empathiques, honnêtes. Claudy n’était pas de nature rebelle : pourquoi ou contre qui se serait-elle insurgée. Elle n’avait même jamais songé à s’affirmer : l'éducation reçue depuis sa prime enfance l'avait construite, façonnée, dans un moule de soumission. Fatalement, dès la première œillade perçue, elle s'était supposée amoureuse. Enfin, elle avait pensé l’être tout au moins, à un point tel qu’elle s'était crue capable de transformer un rustre en gentilhomme, un indifférent en épris, un égoïste en fiancé prévenant et attentionné : erreur fatale et cruelle.



Une discussion antérieure aurait dû l’alerter quant à l’issue de son avenir. Le jeune homme lui avait fait, quelque temps auparavant, un récit très sentimental qui, par ailleurs, lui avait mis la larme à l’œil : elle avait ressenti de la peine pour lui !

Depuis l'adolescence il flirtait avec une jeune fille ravissante. Tous deux habitait la même ville et se connaissaient depuis l'enfance. Elle, partit poursuivre ses études en pensionnat au chef-lieu de canton, mais ils se retrouvaient aux vacances, amoureux comme des fous ! A l'arrivée de ses dix-huit ans, lui était parti faire son service militaire en Afrique du Nord, promettant de ne pas l'oublier et elle avait fait de même : elle l'attendrait en lisant ses lettres. Les tourtereaux d'alors s’étaient quittés sur ces promesses éternelles.

Lors de la première permission de Maurice, huit mois plus tard, il avait eu quelques difficultés à la rejoindre : il y avait toujours un imprévu qui l'obligeait à reporter leur rencontre. Quand il avait enfin pu l'atteindre il avait eu la très désagréable surprise de la retrouver enceinte de quatre mois. Même si l’on n’était pas fort en math, un calcul vite fait permettait vite de comprendre que le futur bébé n'était pas de lui ; cette terrible révélation n'avait cependant pas entamé son adoration. Bien que bafoué, son amour était si fort qu'il avait envisagé de la marier envers et contre tous en acceptant le futur bébé comme le sien.

Sa famille, issue du terroir, s’y était farouchement opposée : « on ne plaisantait pas avec l’honneur familial ». Les amoureux contraints s’étaient donc séparés la mort dans l’âme, elle, pour épouser le père de l'enfant lui, pour finir son temps à l'armée. Puis pour terminer ses confidences, il avait avoué avoir conservé de cette histoire une blessure que le temps n’adoucissait que très lentement. Lorsqu’il lui avait dévoilé cette déception terrible, peu après le début de leur relation, le jeune homme n’aimait absolument pas Claudine puisqu'ils venaient de se rencontrer : pas de « coup de foudre » donc... Cet aveu aurait dû faire craindre pour l’avenir à l’adolescente, mais elle avait trouvé cet confession tellement exaltante. Imaginez : elle allait pouvoir prendre la place d’un grand amour enfui et lui, allait la chérir plus que cette jeune fille et ce, pour la vie. Comme dans ses romans ! Selon son cœur, son esprit, sa conception de l'existence à l’époque, elle pensait qu'il suffisait de donner des tonnes d’amour à quelqu’un pour qu’il partage ce même sentiment, que la réciprocité existe. Elle croyait au miracle des perceptions nobles mais surtout, personne ne lui avait suggéré une éventuelle erreur de jugement ni crié casse-cou. Comment aurait elle réagit si elle avait pu s'insinuer dans l'esprit du garçon ? Elle aurait constaté, compris, admis qu'il n'avait aucun sentiment pour elle et qu'elle aurait mieux fait de passer son chemin, voire le chasser. Par déception, lui se rabattait sur une fille docile, manœuvrable selon ses désirs.



La guerre sévit en A.F.N.2. Elle prend naissance dans le mouvement de décolonisation

qui affecta les empires occidentaux après la Seconde Guerre mondiale. Un conflit qui se déroula de 1954 à 1962, principalement sur le territoire de l'Algérie, avec également des répercussions en France métropolitaine. Elle est avant tout une guerre d'indépendance opposant des nationalistes algériens, principalement réunis sous la bannière du Front de Libération National (FLN), à l'État français. Elle est aussi une double guerre civile, entre les communautés des deux parties.

 

 

 

 

 

 



1- Voir « Parce due le Galet »

2- Sigle nominant à l'époque l'Algérie : Afrique française du Nord

 

 

 

 

IMG_0933

  Fête médiévale à Dinan

 

Retour vers ces taditions d'antant que j'évoque au cours de ce roman...J'espère apporter, avec ces pages, ma maigre contribution.

 

Tant de métiers aujourd'hui à jamais disparus mais que certains tentent de garder présents, par devoir de mémoire.

C'est pour actualiser, de manière "vivante" que j'insère cette vidéo trouvée sur le net.

 

 

 

 

 

 

 

 

*****

 

 

Hormis sa longue période de service en Algérie des années cinquante-huit-soixante (vingt-quatre mois), Maurice avait toujours vécu à la campagne. Sa ville d’origine ne ressemblait en rien à ce qu’elle est aujourd’hui ; c’était plus un très gros village, construit le long de la nationale douze, en Île et Vilaine, équipé des seuls commerces indispensables et seulement enrichi d’un petit cinéma, fierté de ses habitants : son père, un homme charmant, y assurait les projections chaque week-end tandis que son épouse tenait la caisse.

Cette guerre avait été sa grande aventure. Elle lui avait ouvert les portes du monde étriqué qui avait toujours été le sien. Il aimait raconter ses aventures dans le bled, la découverte et la chasse d’animaux inconnus en France, la luxuriance de la végétation dans les oasis etc. Il y avait également fait la connaissance d'une population dont le mode de vie lui était totalement étranger : les Touaregs, les Bédouins, leurs rites, leurs coutumes, leur religion. C'est dans ces circonstances guerrières qu'il s'était découvert une passion pour les armes à feu, passion qu'il conservera toute sa vie, au grand damne de sa compagne.

Mais revenons vers nos "jeunes". Maurice se comportait envers Claudine selon les préceptes enseignés ; beaucoup d’hommes avaient été ainsi éduqués au cours des générations précédentes parmi les petites gens : la femme se devait d’être aux fourneaux, au ménage, à la disposition de son seigneur et maître : elle aurait été mal venue de revendiquer une quelconque indépendance. Dans la campagne profonde de ces années-là, personne ne se posait de questions sur les principes établis de l’éducation patriarcale : au sein de la famille elle se faisait de cette manière, sans influence médiatique ; seule prévalait la connaissance et l’autorité des adultes, autrement dit des anciens, quel qu’en ait été le niveau.

Claudine, cependant, demeurait fermement convaincue qu'elle était à même de construire sa famille sur ces bases et se sentait apte à la rendre heureuse. Les événements prirent tournure assez rapidement.



La mère de Claudine et Maurice avaient parlementé à propos de leur avenir et ils étaient arrivés à cette conclusion : le jeune homme quitterait son emploi d’ouvrier pour s’installer en qualité d’artisan électricien dans le village voisin, sans doute la meilleure option envisageable pour eux. Personne n’avait estimé opportun de consulter Claudine pourtant principale intéressée : les choses s’étaient faites de la sorte parce que sa mère restait encore et toujours celle qui décide, dirige, n’admettant pas la moindre opposition. Claudine y était habituée. Il en avait toujours été ainsi, alors, pourquoi se serait-elle insurgée même s’agissant de son futur époux ? Elle prit l’habitude de les entendre discuter des heures durant, échafaudant projets, plans divers pour enchaîner ensuite sur l’organisation de leur futur mariage.

Là, ce fut la cerise sur le gâteau : bien que fille unique, ce n’est pas sa mère qui lui offrit sa robe de mariée comme il était de coutume. Son futur époux fit un emprunt à la banque (destiné principalement à financer son installation), lui acheta sa robe, paya les alliances, régla la moitié de la location de la salle des fêtes pour le bal du mariage (la salle était déjà louée pour un autre bal, public, qui aurait lieu en même temps) ; sa mère acheta un demi cochon à la ferme pour nourrir les dix-sept personnes qu’elle avait royalement invitées aux noces et Claudine n’eut rien d’autre à faire que de dire "oui ", vite fait, bien fait. Elle avait été si pressée de quitter son milieu familial avant que ne revienne son beau-père qu’elle s’était jeté tête baissée dans un mariage auquel, par ailleurs, sa mère avait souscrit sans restriction,  se débarrassant ainsi d’une rivale d’un type particulier et fortement délicat.

Claudine n'adhérait pas une trop grande promiscuité avec cet homme. Elle connaissait ses appétits, son goût prononcé pour le sexe et savait maintenant à quel point sa mère aimait les partager. Longtemps elle avait vu ou cru voir en lui le père qu'elle n'avait jamais eu : mais un authentique père ne se serait jamais aussi mal conduit envers elle.

En fait son beau-père était avant tout un pédophile avéré mais cela, elle ne le savait pas encore.



La loi en vigueur à cette époque et qui ne changera qu'en 1974, prévoyait la majorité à vingt et un ans, aussi avait-il été nécessaire de déposer une demande d’émancipation pour la jeune fille mineure afin de célébrer son union : ce geste démontrait l'empressement de la mère à se débarrasser de sa fille, aucun autre ne pouvait être plus explicite puisque jamais Claudine n’avait fait pression pour précipiter les événements.

Le mariage avait pu, de ce fait, être très vite concrétisé.

 

livre_d_or2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8 mai 2016

Tutoriels PSP

 

 

Je mets sur cette page quelques réalisations effectuées

grâce aux tutoriels trouvés sur le net.

 

Je m'étais promise d'ajouter les liens des sites en question pour

remercier les personnes les ayant mis à notre disposition.

 

Voici, par exemple ce que j'ai créé à partir d'un "tuto" de Noisette

 http://noisette13.fr/tag133medaline.html)

 

 

Medaline

 

 

 

Puis, à partir de cet autre : http://www.creationsvirginia.com/psp/creations_virginia_mes_tutos.htm

 

 

 

 

Créa de Virginia-Plumetis

 

 

 

Il est normal de "promouvoir" le travail et le "partage" amical

de ces personnes : merci à elles et je vais agrandir cette liste,

au fur et à mesure de mon apprentissage

 

 

QAutre site : http://www.lesdouceursdecloclo.com/page_traductions/traductions_by_wendy/divers/poussin_rebel/poussiin_rebel.htm

 

 

Douceur-2

 

 

 

 

 

 

Avec celui-ci, j'ai réalisé beaucoup de créations :

http://www.lesdouceursdecloclo.com/index.htm

 

jumelles-2

 

 

 

 

 

 

Maintenant depuis le site : http://www.crealinegraphic.com/

 

 

 

Babou-dreams

 

Ma version

 

 

 

 

Version "tuto"

Bel Ange-Créalinegraphic

 

 

 

 

 

 

 

A suivre...

 

 

Sur le forum "des Muses" il est possible de trouver des personnes ayant

leur propre site de tutoriels, d'astuces ect.

J'y retrouve, par exemple Alyciane qui nous conseille pour l'usage des filtres.

Voici le lien de son espace et ce que j'ai réalisé en lisant ces tutoriels.

Lien : http://www.psp-la-passion-d-alyciane.fr/menu.html

 

 

Mes versions de réalisations :

 

 

Alcyane-muguet

 

Celui-ci correspond à son modèle de base

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alcyane filter

 

Et là, voici mon interprétation

 

 

 

 

 

 

 

Amitiés 1

 

 

 

 

 

 

 

 

Alcyane-mer

 

 

 

 

 

 

peintre

 

 

 

 

 

 

J'ai trouvé sur le site pour lequel je joins le lien

( http://animabelle.free.fr/turoriels_traductions/tutoriels_traductions.htm )

une grande diversité de tutoriels traduits en Français 

Là, il ne reste plus qu'à choisir et se laisser guider ou mieux,

tenter à partir de ces bases, de produire sa propre création.

 

Je vous mets un "méli-mélo" des résultats de mes enseignements provenant

de ces "professeurs" en graphisme.

 

 

Les premières sont sur le thème de l'automne, bien sûr...

 

 

 

Automne

 

 

 

 

 

 

 

Automne-2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Automne-3

 

 

 

 

 

 

 

 

Citrouille

 

 

 

 

 

Cluster-Juin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Défi automne

 

 

 

 

 

 

 

 

Défi du 26 Mai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Défi du 26

 

 

 

 

 

 

 

 

Défi jonquilles-2

 

 

 

 

 

Ambre-Annimabelle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Amicalement-2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Amitiés de Babou

 

 

 

 

 

 

 

 

Amour Bab

 

 

 

 

 

 

 

 

Anniversaire-4

 

 

 

 

 

 

 

 

Bab vacances

 

 

 

 

 

 

 

Baby rose

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Christina

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jack

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le montagnard

 

 

 

 

 

Vous avez envie d'en faire autant ? Allez, ce n'est pas si compliqué !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 avril 2016

Traditions, musiques et danses folkloriques

 

Bretagne...

 

090521045001152183701387

 

 

Avec l'arrivée des beaux jours, les festivités traditionnelles vont reprendre rapidement

pour le plaisir de tous, accompagnées du parfum des galettes-saucisses au grill

sans oublier la bolée de cidre locale !

 

 

 

090521045001152183701387

 

 

IMG_1377

Fête à Hénansal

 

 

 

 

090521045001152183701387                                 090521045001152183701387

 

 

 

 

IMG_1394

 

A Jugon les Lacs

 

 

 

 

090521045001152183701387 

 

2015

 

Emission "la France a un incroyable talent"

  

 

 

 

 

 

090521045001152183701387

 

Finale...

 

 

Comme lors des deux précédentes prestations sur M6, après :

- la « Valse bleue » jouée lors de la première émission,

- le medley de Lorient 2014 baptisé « Le Moulin des Lices », en demi-finale,

les téléspectateurs ont été conquis ce mardi soir par « War Raok Melinerion »

(« En avant les Meuniers »), un morceau assez guerrier du début jusqu’à la fin.

 

090521045001152183701387

 

 


Le bagad de Vannes gagne la finale par OuestFranceFR

 

Le gagnant est : le bagad de Vannes ! 

 

 

 

 

 

090521045001152183701387

 

 

"Incroyable", "fou", "dingue"... Ce mardi soir, les 37 musiciens

du bagad de Vannes ont eu beaucoup de mal à réaliser qu'ils venaient

de gagner la finale de "La France a un incroyable talent" sur M6, 

"une incroyable aventure humaine", comme l'a souligné

Ronan Bevan, le Mr Oganisation et Promotion du bagad.

 

 Jusqu'à présent, les spectateurs ont pu découvrir des couleurs bretonnes. 

Mais là, on était sur un thème dans la plus pure tradition avec une laridé-gavotte.

 (source "Ouest-France)

 

 

 

 090521045001152183701387

 

 

 

 A voir, à St. Malo ce vestige du temps des corsairs et flibustiers...

 

 

Isa2

 

 

Tout cet ensemble se décline autour d'anciennes vies, de métiers difficiles,

de très lointaines traditions :

les morutiers s'en allant vers Terre-Neuve pour de longs mois...

La loi de la mer et les Hommes, ses veuves et ses orphelins, ses "Pardons"...

Beaucoup de chants, de fêtes tournent autour de ces souvenirs...

 

090521045001152183701387

 

 

Il y eu également l'époque des Bisquines...

 

 

 

 

 

La dénomination de "Bisquine" apparaîtra dans les registres de la marine seulement

vers 1820. Les petits bateaux du début (souvent des bocqs ou des sloups) font place à

des unités plus importantes, adaptées aux besoins de la pêche au chalut,

pratiquée toute l'année dans la baie du Mont Saint Michel,

ainsi qu'au dragage des huîtres sauvages.

 


Plus de cent millions de grosses huîtres plates appelées "pieds de cheval"

étaient extraites chaque année de la baie.


Le gisement naturel tendant à s'amenuiser, Louis XIV publia en 1787 une ordonnance

réglementant le dragage des huîtres : les jours autorisés les Bisquines se tenaient prêtes

à partir vers les lieux de pêche désignés dès le signal des gardes.


Ce spectaculaire rassemblement était appelé « la caravane ».


Les rivalités qui apparaissent durant les régates, dont la première eut lieu

à Cancale le 31 août 1845, vont conduire à des perfectionnements.

Leur voilure va se développer jusqu'à faire de la Bisquine le voilier le plus toilé de France.

 

la régate entre la bisquine de saint malo et celle de granville et un pur bonheur.

 

 

 

Si vous avez le temps, prenez un moment pour regarder et apprendre leur histoire.

 

 

 

 

090521045001152183701387

 

 

 

 

Et aussi tous ces lieux que nous visitons lorsque nous faions du géocaching...

Erquy est un lieu de tourisme fort apprécié.

Jadis, les fameux "lacs bleus" étaient des carrières de granit ou plus d'un homme

a laisséde sa sueur pour tailler pavés et linteaux.

A gauche du port, le piton rocheux que l'on remarque est en réalité

la lave solidifiée d'un ancien volcan sous-marin : qui l'eut cru ?

IMG_1471-Lac bleu et Vue sur volcan

 

La baie d'Erquy

 

 

 

 

 

IMG_1487

 

Les lacs bleus

 

 

 

 

IMG_1488

 

 

 

 

 

 

 

IMG_1489-Les grès au WP 3-Vue

 

Remarquez le piton, en face : le volcan...

 

 

 

 

 

IMG_1493-Le Volcan et la baie

 

Bien plus visible ici, entre le port et la plage de Carroual.

 

 

 

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>
Publicité